VR et psychiatrie : des risques à encadrer
Si la réalité virtuelle révolutionne la formation en psychiatrie, elle n'est pas sans risques. Fatigue cognitive, confusion émotionnelle ou surcharge sensorielle : les experts appellent à un encadrement strict des usages.

Sede central del grupo William Demant.
Un outil puissant… mais exigeant pour le cerveau
Légende : Sede central del grupo William Demant.
Crédit : Demant
La réalité virtuelle sollicite intensément les sens : vision, ouïe, orientation spatiale. Si ces effets sont recherchés pour maximiser l’immersion, ils peuvent devenir problématiques chez certains usagers.
Des retours de terrain font état de nausées, de désorientation temporaire ou de stress post-séance, en particulier chez les personnes sensibles ou peu habituées aux environnements numériques simulés.
» Après avoir testé le scénario d’agression verbale, j’ai eu du mal à me recentrer pendant plusieurs heures. «
— Laura D., étudiante en soins infirmiers
L’encadrement recommandé par les autorités
L’Agence du numérique en santé (ANS) et la Haute Autorité de Santé (HAS) ont publié en 2024 un guide de bonnes pratiques autour des usages immersifs en santé mentale. Parmi les recommandations :
Limiter chaque séance à 20 minutes maximum
Proposer une pause obligatoire après chaque immersion
Vérifier les antécédents neurologiques ou psychiatriques
Toujours prévoir une phase de débriefing accompagnée
Ces consignes visent à éviter les effets de saturation émotionnelle et à garantir que l’outil reste un vecteur pédagogique, non une source de perturbation.
Adapter les contenus aux profils des apprenants
Tous les soignants ne réagissent pas de la même manière aux environnements immersifs. Certaines structures ont commencé à moduler l’intensité des scénarios (bruit, lumière, interactions) en fonction du niveau d’expérience ou du bagage émotionnel du stagiaire.
» L’outil est bon, mais il ne peut pas être utilisé comme une simple vidéo. Il doit s’accompagner d’une stratégie pédagogique réfléchie. «
— Prof. Yann Tison, neuropsychiatre, Montpellier