Publier du contenu print sur le web : quand la technique freine l'éditorial

Transposer des articles conçus pour le print vers une publication web devrait être un simple copier-coller. Dans les faits, c'est souvent un parcours d'obstacles. De nombreux éditeurs, comme nous, utilisent la plateforme Melody (éditée par DemainUnAutreJour) pour publier leurs contenus multicanaux. Mais si l'outil promet une centralisation des mises en page, sa réalité technique comporte encore quelques angles morts.

Nous avons testé. Nous avons publié. Et nous avons buté. Voici un retour d'expérience transparent sur les problèmes les plus fréquents rencontrés, et ce que cela dit plus largement de l'intégration print-to-web en environnement éditorial.

open-ai / chat-gpt, publié le 06 mai 2025

Publier du contenu print sur le web : quand la technique freine l’éditorial

📌 1. La structure d’article mal interprétée : l’intelligence artificielle a ses limites

Un chapeau qui devient un simple paragraphe. Une citation qui se retrouve noyée dans le corps de texte. Un intertitre transformé en texte normal.

«  La logique HTML ne reconnaît pas toujours l’intention éditoriale  », confie notre maquettiste.

«  Ce qui fonctionne sur InDesign devient une suite de paragraphes mal hiérarchisés dès l’import.  »

Malgré la promesse d’un export fluide, le balisage automatique manque parfois de finesse. Résultat : il faut souvent réintervenir manuellement sur chaque titre, chaque encadré, chaque alinéa. Une perte de temps et un risque d’incohérence dans l’arborescence web.

🧱 2. Blocs cassés, sauts de page oubliés : la mise en page print mal traduite

Dans un magazine, tout est question d’espace : colonnes, encadrés, filets, ruptures visuelles. Sur le web, ces codes doivent être traduits en langage HTML/CSS. Or, Melody a parfois du mal à  » comprendre  » les logiques de blocs.

Un texte sur deux colonnes peut se retrouver condensé en une seule.

Les sauts de page sont parfois intégrés comme de simples <br>, sans logique de séparation visuelle.

Ce n’est pas gênant pour un flux de news, mais pour une lecture magazine, c’est une perte de style, donc de valeur.

✍️ 3. Une mise en forme éditoriale réduite à néant

Italiques évaporés, gras aléatoire, puces qui deviennent des tirets : l’enrichissement éditorial n’est pas toujours respecté dans l’importation automatique. C’est particulièrement flagrant sur les citations ou sur les introductions où l’effet typographique joue un rôle fort.

Or, sur le web, la hiérarchisation visuelle du contenu est un repère essentiel pour l’œil du lecteur et pour le SEO. Perdre cette richesse typographique, c’est uniformiser l’article – au détriment de son efficacité.

🖼️ 4. Les images : quand le texte passe, mais pas le visuel

Autre point noir souvent rencontré : les images intégrées dans les articles print ne sont pas automatiquement récupérées dans les bons formats pour le web. Résultat :

Fichiers trop lourds

Mauvais ratio (portrait/landscape)

Pas d’attributs alt pour le SEO

Mauvais positionnement (centré quand il devrait être aligné à gauche…)

Il faut donc prévoir une vérification manuelle des visuels et, parfois, les remplacer par une version web-optimisée.

🔗 5. Liens internes ou externes : attention aux oublis et aux erreurs

Certains liens présents dans les articles print (vers un site, une ressource ou un autre article) ne sont pas toujours reconnus ou ne s’ouvrent pas correctement une fois l’article en ligne. Cela peut être dû à :

Une mauvaise détection des ancres

Une absence de target= »_blank »

Des balises tronquées lors de l’export

Un audit systématique des liens s’impose à chaque mise en ligne — ce qui va à l’encontre de la promesse d’automatisation.

💻 6. Le HTML généré est parfois trop brut… ou pas assez

L’un des paradoxes de Melody, c’est qu’il génère un HTML propre, mais pas toujours personnalisable. Résultat : impossible de modifier un style sans passer par un contournement CSS ou un éditeur externe. Les utilisateurs un peu avancés se sentent limités. Et les non-techniciens sont noyés dans du code peu lisible.

🗂️ 7. La planification multi-sites est laborieuse

Pour les groupes comme le nôtre qui publient sur plusieurs sites à la fois, l’outil montre ses limites. Il est difficile de :

dupliquer un article avec des ajustements spécifiques par site,

gérer des slugs ou des métadonnées SEO propres à chaque support,

synchroniser une mise en avant sans refaire tout le travail à la main.

La logique de «  contenu mutualisé, publication adaptée  » reste encore un vœu pieux dans la plateforme.

✅ En conclusion : des promesses à tenir

Melody reste une plateforme puissante, qui permet déjà de gagner un temps précieux pour transformer un contenu print en version web. Mais pour une qualité éditoriale irréprochable — comme nous le devons à nos lecteurs — le surcontrôle reste indispensable.

Notre conseil : envisager Melody non comme une solution 100 % automatisée, mais comme un outil de pré-maquette, à compléter systématiquement par une relecture, une retouche manuelle, et une vraie logique éditoriale web.