La réalité virtuelle s'impose dans les formations en psychiatrie
Grâce à la réalité virtuelle, les futurs psychiatres et infirmiers peuvent désormais se confronter à des situations de crise sans mettre de patients en danger. Une innovation pédagogique adoptée par plusieurs hôpitaux français.

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Grâce à la VR, on apprend à désamorcer une crise sans mettre en danger un patient.
La réalité virtuelle au service de la psychiatrie
Face à la complexité des troubles psychiques, les outils pédagogiques évoluent. La réalité virtuelle (VR) devient un levier essentiel dans les formations médicales, notamment en psychiatrie. À Lille, Paris ou Marseille, plusieurs CHU testent aujourd’hui des simulateurs immersifs qui recréent des situations de crise.

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©DjelicS-istock
Des scénarios cliniques simulés pour une pédagogie active
» Nous avons intégré des scénarios réalistes dans un casque VR : entretien avec un patient paranoïaque, intervention en chambre d’isolement, ou encore gestion d’un refus de soins « , explique le Pr Camille Bourgeois, chef de service à l’hôpital Sainte-Anne.
Une immersion dans la peau d’un patient schizophrène – retour d’expérience

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©Getty Images – FatCamera
Dans un hôpital de Lyon, les soignants sont invités à vivre une expérience unique : enfiler un casque de réalité virtuelle pour plonger dans la perception d’un patient atteint de schizophrénie. Pendant cinq minutes, l’utilisateur voit le monde à travers les yeux d’un individu en proie à des hallucinations auditives et visuelles.
Des voix se chevauchent, hostiles ou chuchotantes. Les visages des collègues se déforment. Le couloir semble s’allonger à l’infini, et une caméra invisible semble suivre chacun des pas. Une sensation de perte de repères s’installe rapidement.
L’objectif n’est pas de faire peur, mais de favoriser l’empathie clinique. En se mettant à la place du patient, les futurs soignants prennent conscience du stress permanent, de l’isolement sensoriel et de l’angoisse que ces symptômes peuvent engendrer.
Ce simulateur, développé avec des patients partenaires, fait partie d’un programme plus large baptisé « Empathie VR ». Il est déjà utilisé dans trois facultés de médecine françaises, avec des retours enthousiastes :
92 % des étudiants déclarent avoir changé leur regard sur les troubles psychotiques,
84 % affirment qu’ils adapteront leur communication à l’issue de l’expérience.
La réalité virtuelle, loin d’être un gadget, devient ici un outil d’humanisation de la pratique psychiatrique. En rendant visible l’invisible, elle crée un pont entre deux mondes que tout semble opposer.
Un entraînement sans risque pour les soignants
Grâce à ces environnements simulés, les étudiants apprennent à :
adapter leur posture verbale et non verbale, gérer leur stress face à un patient en crise,
reconnaître les signes d’agitation ou de désorganisation cognitive, et bénéficier d’un feedback immédiat après chaque session.
Des résultats mesurés scientifiquement
Les résultats sont encourageants : une étude menée à l’université de Lyon montre une augmentation de 35 % des compétences relationnelles chez les participants ayant suivi le programme VR.
Perspectives d’élargissement
Les modules sont en cours de développement pour aborder d’autres situations, comme la prise en charge des états suicidaires ou les troubles de l’humeur. L’objectif : généraliser cette approche dans les cursus d’ici 2027.
Cet article fait partie de notre série « Technologies immersives en médecine »