International Dental Show : une édition 2021 qui fera date
Pandémie oblige, l'International Dental Show s'est déroulé cette année sous une forme hybride, en présentiel et distanciel, et dans des conditions physiques inédites au parc des expositions de Cologne. L'équipe de Solutions Cabinet dentaire s'est rendue sur place pour prendre la température de ce salon 2021 pas comme les autres.

23 000 visiteurs en provenance de 114 pays ont arpenté pendant quatre jours les 115 000 m² d'exposition de l'IDS 2021.
Après avoir été reporté une première fois en raison de la crise sanitaire, l’International Dental Show (IDS) a finalement eu lieu du 22 au 25 septembre 2021 dans une atmosphère un peu particulière. Espaces de circulation élargis, stands aux dimensions réduites, masques et distributeurs de gel hydroalcoolique omniprésents… Un simple coup d’œil dans les halls 2, 3, 10 et 11 du parc des expositions de Cologne, la « Koelnmesse », suffisait pour se rendre compte que la 39e édition de l’IDS, qui se tient tous les deux ans, ne ressemblerait à aucune autre. Une impression confirmée d’emblée par les travées, plus clairsemées qu’à l’accoutumée : avec 830 exposants de 59 pays et 23 000 visiteurs de 114 pays, contre 2 327 exposants de 64 pays et 160 000 visiteurs de 166 pays lors du précédent IDS, la fréquentation est en forte baisse cette année.
UNE ÉDITION PAS COMME LES AUTRES
« On se rend effectivement compte qu’il y a moins de visiteurs qu’en 2019, mais c’est malgré tout vraiment agréable de pouvoir se retrouver tous ensemble et d’avoir un contact direct avec nos clients, confie Kristina Hänel, cheffe de produit chez Dürr Dental Allemagne. En tant qu’exposants, nous avons eu à un moment des restrictions concernant le nombre de collaborateurs autorisés sur les stands, mais elles ont été levées la semaine dernière ; nous n’avons donc finalement pas été impactés. Mais il est certain que la crise sanitaire a laissé des traces visibles : outre le nombre de visiteurs en baisse, les halls d’exposition n’ont pas du tout la même physionomie que les années précédentes. »
C’est effectivement ce qui frappe, lorsque l’on arpente les quatre halls qu’occupe l’IDS : la largeur des allées et, plus généralement, l’impressionnante surface dédiée aux espaces de circulation, malgré une surface d’exposition réduite (115 000 m² contre 170 000 m² en 2019). Il avait ainsi été demandé aux exposants de réduire la largeur de leurs stands d’1m50 sur les côtés donnant sur les allées, pour faciliter le flux piéton. Dans le même ordre d’idée, les halls d’exposition étaient reliés entre eux par un circuit simple et optimisé pour le passage de visiteurs. Les quatre entrées permettaient également de les répartir dans les différents halls, conformément aux restrictions sanitaires en vigueur. En plus des espaces de restauration et de repos existants, une zone supplémentaire avait été aménagée dans le hall 4.1 pour garantir une restauration sûre pour tous. Elle s’ajoutait à celles déjà présentes dans les autres halls, déjà dotées, comme les aires de repos, de surfaces additionnelles permettant de respecter les mesures de distanciation sociale. Autre mesure inédite : pour éviter les rassemblements, les billets d’entrée du salon n’ont été délivrés qu’en ligne cette année et pour les activer, il était nécessaire de produire une attestation numérique de vaccination, de test négatif ou de rétablissement du Covid-19.
C’est au concept de sécurité et d’hygiène #B-SAFE-4business, développé par la Koelnmesse en collaboration avec la ville de Cologne, que l’on doit ces aménagements qui garantissent le respect de toutes les mesures et réglementations officielles nécessaires à la protection des exposants et des visiteurs. #B-SAFE-4business a mis en place des règles qui permettent au public de se côtoyer en toute sécurité dans les halls d’exposition et comprend, entre autres, un système de guidage intelligent des visiteurs via un système de géolocalisation en intérieur, grâce à l’application eGuard. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette organisation millimétrée a su inspirer confiance aux visiteurs et exposants : tout au long des quatre jours de l’IDS, les espaces de restauration, où le port du masque n’était pas obligatoire une fois assis, ont été pris d’assaut par les visiteurs et exposants, avides de pouvoir discuter plus aisément, à visage découvert.
Légende : Les exposants comme les visiteurs étaient visiblement ravis de pouvoir de nouveau se retrouver et découvrir produits et nouveautés « en vrai ».
Crédit : Istock Photos
LA QUALITÉ PLUTÔT QUE LA QUANTITÉ
« Je trouve que c’est plus agréable cette année parce qu’il y a moins de monde, plus de place et toujours autant de nouveautés à voir. Cela tombe bien, parce que c’est pour cela que je suis venu », se réjouit un praticien rencontré sur le salon, le Dr Omid Kourosh, chirurgien maxillo-facial à Düsseldorf (Allemagne). Malgré ces circonstances pour le moins particulières et une fréquentation ostensiblement en baisse, la bonne humeur et l’enthousiasme étaient palpables dans les allées, et les exposants rencontrés s’accordaient pour se réjouir de la qualité de leurs échanges avec les visiteurs présents. « Il y a beaucoup moins de public cette année, c’est une réalité : lors du premier jour, traditionnellement la journée des distributeurs, les rendez-vous s’enchaînent normalement et ça n’a pas été le cas pour cet IDS, reconnaît Caroline Leopold-Metzger, directrice de la marque d’instruments dentaires Doppeler (Suisse). Mais cela permet aussi de prendre plus le temps avec chacun et d’avoir des discussions de qualité avec des gens motivés. Je dirais donc qu’on a perdu un peu en quantité mais pour une meilleure qualité des échanges. » Un point de vue que partage presque mot pour mot Massimo Sella, commercial chez Sisma (Italie) : « La première chose qui m’a frappé, c’est qu’il y a beaucoup moins de visiteurs cette année. Ceux en provenance d’Asie et d’Amérique du Sud n’ont pas pu faire le déplacement. On l’a très bien vu car la première journée est celle des distributeurs, et cette année, le rythme était beaucoup moins soutenu que d’habitude. Mais l’IDS reste quand même une bonne occasion de se retrouver et il y a eu beaucoup de positif aussi. Ne serait-ce que l’impression d’avoir enfin un début de retour à la normale ! »
Oliver Frese, directeur des opérations à la Koelnmesse, s’inscrit lui aussi dans cette vision optimiste, affirmant que l’IDS 2021 a permis de montrer les perspectives de renouveau présentes dans le secteur : « Tous les exposants et les visiteurs étaient visiblement ravis de pouvoir à nouveau assurer le suivi de leurs contacts sur place, de découvrir des produits « en vrai » et, à la fin d’une journée de salon, d’approfondir des relations personnelles à l’occasion de nombreux événements de réseautage. Voilà pourquoi l’IDS 2021 joue un rôle déterminant dans le re-démarrage de la branche dentaire. »
UN RÔLE DÉTERMINANT POUR LA BRANCHE ET L’INDUSTRIE
En dépit d’un contexte défavorable suite aux restrictions de voyage, le plus important salon dentaire au monde a en effet démontré qu’il était en mesure de convaincre par sa force d’attraction internationale, en réussissant à attirer 72 % d’exposants et 57 % de visiteurs étrangers jusqu’en Allemagne, en provenance notamment d’Italie, de France, des Pays-Bas et d’Europe de l’Est, ainsi que du Moyen-Orient et d’Outre-Atlantique.
« Le succès d’un salon dépend du pouvoir de décision des visiteurs et il a été très important lors de cette édition, au niveau national et international », pointe Markus Heibach, directeur de la Fédération allemande de l’industrie dentaire (VDDI pour Verband der Deutschen Dental-Industrie). Son collègue Mark Stephen Pace, président du conseil d’administration de la VDDI, le rejoint : « Nous avons eu des entretiens passionnants avec des visiteurs intéressés, la plupart d’entre eux étant venus pour prendre ensuite des décisions en matière d’investissement. Beaucoup de décideurs ont d’ailleurs délibérément conclu des transactions lors du salon. Ce signal peut être communiqué à l’extérieur : l’industrie dentaire allemande va de l’avant. Nous proposons des solutions dans une période difficile. Les exposants avec qui je me suis entretenu étaient d’ailleurs généralement satisfaits d’être à l’IDS. Ils profiteront des transformations du marché consécutives au déroulement de l’IDS, j’en suis convaincu. »
UNE PREMIÈRE SOUS UN FORMAT HYBRIDE
En plus d’être synonyme d’un nouveau positionnement pour l’ensemble de l’industrie dentaire internationale, l’IDS a cette année établi de nouvelles normes sur le plan conceptuel. La pandémie de Covid-19 ayant entraîné des changements structurels, l’édition 2021 est devenue, par la force des choses, le tout premier IDS hybride, à la fois présentiel et distanciel. Une approche qui a permis aux professionnels du secteur dentaire de découvrir l’offre du salon et d’entrer en contact les uns avec les autres via des canaux innovants. « L’IDS 2021 est le premier d’une longue lignée à avoir eu lieu sous forme hybride, s’est réjoui Oliver Frese au terme de la manifestation. Cela veut dire qu’il y a eu d’une part le lieu de rencontre physique que sont les halls d’exposition, ici à Cologne, et, d’autre part, la plate-forme numérique IDSconnect qui a été très appréciée, puisqu’elles offraient des possibilités supplémentaires pour se présenter et réseauter. »
L’IDS 2021 a en effet associé un salon en présentiel et la plate-forme numérique IDSconnect, mise à la disposition des exposants et des visiteurs. Grâce à ce format hybride, les visiteurs n’ayant pas pu faire le déplacement ont pu avoir accès aux produits et solutions présentés, aux webinaires, aux conférences de presse, aux événements ou encore aux communications individuelles des entreprises.
Acouphènes et émotions :
L’acouphène serait-il un phénomène purement physiologique ? La part liée au subjectif et aux émotions pèserait-elle plus qu’on ne le pense ? Lors du 10e colloque de l’Association francophone des équipes pluridisciplinaires en acouphénologie (Afrépa), qui s’est tenu à Nancy les 6 et 7 septembre 2019, des experts ont apporté des éclairages intéressants et novateurs, notamment à travers l’imagerie cérébrale.
«L’acouphène a-t-il une origine physiologique ou psychologique ? » Le Pr Benoît Bolmont, enseignant-chercheur à l’université de Lorraine, démarre sa présentation par la question qui est au cœur du débat : le chercheur a analysé une soixantaine d’études parues au cours des 25 dernières années. « Globalement, les acouphéniques sont plus anxieux et plus dépressifs que la moyenne de la population », indique Benoît Bolmont. 50 à 90 % des patients acouphéniques seraient dépressifs. On observe une relation entre l’intensité de l’acouphène et l’anxiété. Le système limbique – siège des émotions – est impliqué.
L’acouphène est souvent consécutif à un événement stressant ou un trauma émotionnel. Aussi, « si l’acouphène est physiologique, il pourrait quand même avoir une origine psychologique », module le chercheur en réponse à sa question initiale.
Conclusions de l’analyse qu’il a réalisé sur les différentes études : l’acouphène entraîne une modification de l’état psychologique qui influe sur son intensité mais, à l’inverse, des modifications psychologiques pourraient déclencher un acouphène probablement préexistant. « Il existe des susceptibilités génétiques. L’anxiété, la dépression, certains traits de personnalité pourraient constituer des facteurs de vulnérabilité », relève le chercheur.
Logiquement, une table ronde regroupant plusieurs praticiens évoquant l’accompagnement psycho-affectif des patients a conclu cette séance plénière. Pour le Dr Anne Guillemot-Lacour, psychiatre libéral et membre de l’équipe pluridisciplinaire de Nancy, « l’acouphène n’est pas un symptôme psychiatrique, mais son mode d’expression peut témoigner d’une pathologie psychiatrique ». Le rôle du médecin est d’évaluer un éventuel état dépressif et de traiter celui-ci. Mais la prescription d’antidépresseurs n’est pas simple dans la mesure où ces médicaments peuvent engendrer des acouphènes… De plus, ces prescriptions doivent être accompagnées d’entretiens de psychothérapie. « L’objectif est d’amener le patient à l’acceptation de l’acouphène », fait remarquer le Dr Guillemot-Lacour. Pour cela, les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont efficaces, selon Ivan Quintin, psychologue libéral : « Les TCC peuvent mener à l’orientation attentionnelle, à la relaxation, à la gestion cognitive… »
Praticienne de méditation pleine conscience et relaxation à Nancy, Catherine Frinot évoque « le nombre exponentiel d’études montrant les bienfaits de ces pratiques face aux phénomènes anxieux et dépressifs ». Pour le Dr Marc Ounnoughene, psychiatre et psychothérapeute, « la prise en charge d’un patient acouphénique associe psycho-éducation, réduction du stress et, enfin, habituation ».
Toutefois, il faut éviter certains pièges, comme celui d’entraîner dans une thérapie comportementale un patient souffrant d’un neurinome acoustique non diagnostiqué. Autre écueil à éviter : les patients psychotiques, pour lesquels ce type de thérapies est contre-indiqué, et les personnes dépressives, chez qui la dépression doit d’abord être traitée.
Modérateur de cette séance, le Dr Nicolas Boulanger, ORL à Nancy, rappelle qu’il faut proposer l’appareillage prothétique et valoriser un discours commun dans une équipe pluridisciplinaire, pour faire rempart au nomadisme médical, souvent pratiqué par les patients acouphèniques.
Grâce à des fonctionnalités très élaborées, IDSconnect a permis à chacun de s’adresser simplement à un plus grand nombre de clients potentiels, de découvrir des tendances et de suivre des exposés à la demande mais aussi de nouer de précieux contacts sur place ou à distance (voir encadré). La plate-forme numérique de l’IDS étant particulièrement facile et intuitive à utiliser, quelle que soit l’expérience numérique antérieure des utilisateurs, elle leur a permis de vivre le plus grand salon dentaire du monde comme une véritable expérience de salon directement sur leur écran, à la maison ou au bureau.
Concrètement, ce sont 77 exposants de 16 pays qui étaient quotidiennement présents avec 88 contributions sur IDSconnect (soit un temps de diffusion de 1 310 minutes). Le programme général d’animation de l’IDS, dont la remise du prix de l’empreinte « Abdruck-Preis » de l’initiative Prodente et celle du prix Gysi de la Fédération allemande des associations professionnelles de prothésistes dentaires, tout comme le programme de l’Ordre des dentistes Allemands ont eux aussi été diffusés en direct sur la plate-forme. Tous ces exposés, animations et présentations numériques restent disponibles à la demande par la suite.
Légende : Les espaces de circulation et les allées ont été agrandis pour respecter les mesures de distanciation sociale et faciliter le flux des visiteurs notamment grâce à la réduction d’1m50 sur les côtés extérieurs des stands des exposants.
Crédit : Istock Photos
DU MODE CRISE AU MODE TRAVAIL
Si l’on en croit les résultats d’un sondage à l’issue du salon, le format hybride semble être un pari réussi, puisque les échanges relationnels et commerciaux qu’a permis IDSconnect en distanciel ont été plébiscités par les exposants et visiteurs sur place : près de 85 % d’entre eux ont pris part à des décisions d’achat et d’approvisionnement, de manière déterminante pour 33 %. Pour plus de la moitié, l’entretien des relations commerciales existantes et l’établissement de nouveaux partenariats ont des facteurs déterminants pour leur venue sur le salon international. Plus des deux tiers des visiteurs se sont également montrés très satisfaits de l’offre du salon et des objectifs qu’il leur a permis d’atteindre et 85 % recommanderaient la visite de l’IDS à un partenaire commercial. Enfin, environ 70 % des sondés prévoient d’ores et déjà de revenir à la prochaine édition de l’IDS, qui se tiendra à Cologne du 14 au 18 mars 2023.
Le mot de la fin revient à Mark Stephen Pace, résolument optimiste à l’issue du salon international : «L’IDS 2021 nous a permis de passer du mode crise au mode travail. C’était l’endroit idéal pour faire le point sur la situation et pour identifier les opportunités futures. Par conséquent, l’accent est désormais mis sur l’hygiène et le contrôle des infections à la suite de la pandémie de Covid-19. L’industrie dentaire a montré qu’elle est en train de monter en puissance avec les innovations numériques et qu’elle fait figure de pionnière en la matière.»