« Il faut se démarquer de laconcurrence dès le départ »
Clément Beddouri, audioprothésiste de 29 ans, exerce dans un centre qui vient tout juste d'ouvrir à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône. Face à l'ultraconcurrence, le jeune homme explique qu'il faut se démarquer dès le départ, en démontrant son professionnalisme et ses compétences sur le plan technique.

Le centre de Clément Beddouri possède deux cabines.
Le centre de Clément Beddouri a ouvert ses portes en janvier 2025, à Gardanne, petite ville provençale, à mi-chemin entre Marseille et Aix-en-Provence. Le jeune homme de 29 ans est salarié d’Amplifon, car cette enseigne exploite ses centres en propre, sans recourir à la franchise. Il est, pour l’instant, le seul audioprothésiste, a fortiori le référent, du centre qu’il gère avec son assistante, Marjorie Delattre, professionnelle aguerrie cumulant déjà une quinzaine d’années d’expérience dans l’audition. « C’est motivant de faire une ouverture. J’ai voulu relever ce défi, plutôt que de rester dans ma zone de confort. D’autant plus qu’à Gardanne, le centre est totalement neuf et le matériel de très bonne qualité », explique-t-il.
Le centre dispose de deux cabines, d’un large espace à l’entrée pour accueillir les patients et d’un atelier bien équipé en outillage et rangements. La décoration, sobre mais soignée, donne une impression globale de confort, avec des boiseries et des matériaux de qualité. Clément a rejoint Amplifon en 2022. Depuis, il a travaillé dans plusieurs centres de l’enseigne situés dans les villes alentour, à Trets et La Ciotat. Il continue d’ailleurs à intervenir ponctuellement à La Ciotat, mais son centre référent est désormais celui de Gardanne.
« Il y avait encore de la place pour nous à Gardanne »
Amplifon a choisi de s’implanter à Gardanne, ville de 21 000 habitants, malgré la présence de six autres enseignes d’audition. Un pari réfléchi, selon Clément : « Il y avait encore de la place pour nous. Amplifon a fait ce choix parce que cela répondait à un besoin spécifique de la population. Et s’il y a également d’autres centres Amplifon à proximité, la zone de chalandise de Gardanne est distincte et ne concurrence pas les autres établissements du groupe. »
Loin de s’inquiéter de cette ultraconcurrence, Clément reste serein, grâce notamment à l’appui de son enseigne. « C’est vrai que, depuis deux ou trois ans, nous assistons à une multiplication des ouvertures de centres. J’ai pu l’observer à La Ciotat, mais cela ne s’est pas traduit pour nous par une baisse de la fréquentation. L’avantage d’Amplifon, c’est qu’il s’agit d’une entreprise ancienne et bien établie. Cela inspire confiance et facilite la venue des patients, affirme-t-il. C’est surement plus compliqué pour des centres indépendants ou de nouvelles enseignes qui arrivent sur le marché. »
Si Clément est encore un jeune audioprothésiste, il totalise déjà huit années d’expérience dans le métier et a déjà pu observer les évolutions notables du secteur depuis ses débuts. « Comme il y a de plus en plus d’audioprothésistes, les patients comparent davantage avant d’acheter. Ils font le tour des enseignes pour demander des devis et prennent plus le temps de choisir leur centre. En réponse à cela, il faut être de plus en plus compétent pour faire la différence », observe-t-il.
Proposer les tests les plus précis possibles
Ainsi, dans un environnement où la concurrence est devenue la norme, il est essentiel de se distinguer des autres. « Cette distinction doit se faire dès le départ, en prenant en charge au mieux le patient, en faisant en sorte qu’il soit rassuré en venant chez nous, qu’il ne pense pas que nous sommes juste là pour lui vendre un appareil et faire du chiffre, analyse Clément. Dans notre centre, cette distinction passe par une prise en charge personnalisée et ciblée, en tout premier lieu grâce à un protocole de tests commun à tous les centres Amplifon. Nous proposons ainsi des tests complémentaires à ceux déjà réalisés par l’ORL : à la fois des tests dans le calme et le bruit, et une audiométrie bien approfondie », poursuit-il.
Clément propose également un test complémentaire « spécifique à Amplifon » : le stéréoéquilibrage, qui permet d’équilibrer la perception sonore entre les deux oreilles. « Toute cette phase de test doit permettre de déterminer le profil audiométrique précis du patient, pour être en mesure de proposer le meilleur appareil auditif possible dès le départ », précise-t-il.
Si, comme les autres centres Amplifon, Clément travaille avec tous les fabricants d’appareils, le jeune homme a une appétence particulière pour Phonak, Signia, GN Hearing et Widex : « Je suis à l’aise avec ces marques. J’aime aussi les performances qu’elles offrent, à la fois dans l’amplification et la praticité du matériel. »
Le centre de Gardanne vient tout juste d’ouvrir et Clément n’a pas encore assez de recul pour établir une typologie détaillée de la patientèle. Il n’a pas d’objectif sur ce point : le centre doit pouvoir accueillir une patientèle mixte, pour tous les budgets et besoins. « Pour l’instant, j’ai surtout pris en charge des personnes de plus de 50 ans avec quand même pas mal d’appareils de classe II », précise-t-il toutefois. Pour tout patient qui vient sans ordonnance d’un médecin ORL, Clément propose d’abord un premier bilan auditif gratuit. « Si nous détectons une gêne et une certaine perte auditive, nous l’orientons ensuite vers les ORL des alentours, qui sont assez nombreux à Gardanne et Aix-en-Provence », détaille-t-il.
La différence se fait sur la compétence
Outre l’exhaustivité et la qualité des tests, l’atout majeur pour se démarquer de la concurrence reste les compétences techniques de l’audioprothésiste, selon Clément. À rebours d’une démarche purement commerciale, la prise en charge du patient doit être personnalisée et axée sur l’efficacité et le choix des appareils. « Chez Amplifon, nous disposons d’études internes, à partir d’une grande base de données, qui nous permettent de savoir quel appareil est le plus adapté au profil audiométrique du patient, en fonction de la marque et du modèle, ainsi que des réglages. Nous prenons également le temps de bien expliquer tout ce qui touche à la rééducation auditive, c’est-à-dire le fait que le cerveau doit se réhabituer à entendre les sons qu’il n’entendait plus. C’est important de dire au patient qu’il faut y aller doucement », poursuit-il.
Le centre de Clément propose plusieurs rendez-vous sur site pour peaufiner les réglages pendant le mois d’essai des appareils, prévu dans l’accord du 100 % Santé. « Le but est qu’à la fin du mois, le patient soit totalement à l’aise avec son matériel. Nous insistons également sur le fait qu’il n’y a pas que l’appareil en lui-même qui compte, mais aussi et surtout le suivi pendant toute la durée de vie de l’équipement, poursuit Clément. Il est donc primordial de faire le point tous les trois mois avec le patient, ne serait-ce que pour un réglage ou un nettoyage des appareils. Nos patients ne doivent vraiment pas hésiter à venir nous voir ou à nous appeler. »
Clément se forme essentiellement en interne, chez Amplifon, en présentiel et à distance. « Une fois par mois, il y a une session de formation en visio, à l’heure du déjeuner, qui traite d’une notion d’audioprothèse, par exemple les acouphènes, les mesures in vivo, ou encore les pertes sévères d’audition. »
Un déclic lors d’un stage de seconde
Clément a grandi à Aubagne, ville où il a suivi sa scolarité et où il habite toujours, à une trentaine de minutes de Gardanne. L’idée de devenir audioprothésiste est née assez tôt chez lui. « Quand j’étais en classe de seconde, j’ai fait un petit stage chez un audioprothésiste. J’avais bien aimé à la fois la relation humaine avec les patients et le côté technique que peut offrir le métier, notamment le travail d’atelier. Je me rappelle avoir trouvé ce métier assez divertissant. » S’il n’était pas encore certain de son choix après ce stage, cette première immersion professionnelle avait fait germer l’idée d’en faire son métier. La décision de s’orienter définitivement vers une carrière d’audioprothésiste s’est faite après l’obtention de son bac S, en 2012.
Clément intègre alors une prépa privée à Aix-en-Provence, qui lui permet de réussir en 2013 le concours de l’école de Lyon. Après l’obtention de son diplôme, en 2016, le jeune homme a travaillé pendant plusieurs années pour une autre enseigne d’audition, avant d’intégrer Amplifon en 2022. « Après huit années dans la profession, je prends toujours du plaisir à équiper les personnes. C’est ce qui me motive à me lever le matin, confie Clément. Quand les patients viennent me voir pour la première fois, beaucoup d’entre eux n’entendent plus du tout. Et quand ils repartent de mon centre, ces personnes peuvent à nouveau dialoguer avec leur famille grâce à leurs appareils. Nous redonnons du confort de vie aux gens et cela est très gratifiant. »
Aujourd’hui, le jeune homme est très intéressé par l’aspect technique du métier. Il suit attentivement les évolutions techniques des fabricants et aime passer du temps dans son atelier, au milieu des outils. « La technologie des appareils n’arrête pas de progresser, je trouve cela fascinant, assure le jeune audio. J’aime aussi le fait de devoir continuer à me former pour rester à la page. » Par ailleurs, l’audioprothésiste insiste sur la très bonne relation qu’il entretient avec Marjorie, son assistante. « Nous nous connaissons bien et nous formons un bon binôme. Or, quand on ouvre un centre, il est primordial d’avoir des collaborateurs expérimentés sur qui compter. » Outre l’accueil et l’orientation des patients, Marjorie a une formation technique qui lui permet de réaliser des petits nettoyages sur les appareils ou, par exemple, de détecter des pannes. Dans un secteur où la concurrence est devenue assez féroce, Clément mise ainsi sur son approche « technique » du métier d’audioprothésiste pour se différencier.
Une spécialisation pour le traitement des acouphènes
Clément possède une spécialisation pour la prise en charge des acouphènes. Il a acquis cette compétence grâce à des formations suivies en interne, chez Amplifon. Les acouphènes peuvent être très pénibles pour les patients et l’audioprothésiste explique avoir été trop souvent confronté à des personnes en proie au désarroi, ce qui lui a donné envie de se former pour les soulager. « Je réalise une anamnèse complète des acouphènes, pour savoir de quel type d’acouphènes le patient souffre, avec une audiométrie bien détaillée, notamment dans les hautes fréquences. Je propose également des questionnaires pour savoir comment le patient évalue l’intensité de ses acouphènes. »
Pour le traitement, Clément propose deux approches. Premièrement, une amplification classique avec l’appareil auditif, permettant de masquer les acouphènes. Deuxièmement, il propose une thérapie sonore à l’aide d’un bruit blanc calibré en fonction de l’audiométrie du patient, dans le but de provoquer des réactions au niveau des voies auditives. Il utilise également des bruits focalisants, tels que des bruits de vagues, pour favoriser la détente ou l’endormissement. Cette thérapie sonore se fait grâce aux réglages des appareils. Elle peut être activable par une application sur le smartphone.
L’important, selon Clément, est aussi d’expliquer aux patients l’origine de leurs acouphènes pour favoriser une éducation thérapeutique. « Les acouphènes sont dus à une perte d’audition qui crée une suractivité au niveau de l’oreille interne. Le fait de mettre un appareil auditif va limiter cette suractivité. En comprenant mieux le sujet, en se rendant compte qu’il existe une solution, le patient réduit son stress et cela améliore le traitement », explique-t-il.
Un parcours en ligne droite
1995 : Naissance à Aubagne.
2013 : Baccalauréat scientifique et début de l’année de préparation au concours d’audioprothésiste.
2014 : Entrée à l’école d’audio- prothèse de Lyon.
2017 : Diplômé en audioprothèse.
2017-2022 : Salarié dans une autre enseigne.
Depuis 2022 : Salarié chez Amplifon.
Janvier 2025 : Ouverture du centre Amplifon de Gardanne, pour lequel Clément est l’audioprothésiste référent.
Un tout jeune centre Amplifon à Gardanne
Année d’ouverture : 2025.
Surface : 80 m2.
Nombre de cabines : 2.
Moyenne d’âge de la patientèle : plus de 50 ans.
Pathologies les plus courantes : presby- acousie, acouphènes.
Origine des patients : bouche-à-oreille, rendez-vous sur Internet.
Horaires d’ouverture : 9 h – 12 h 30 et 14 h – 18 h, du lundi au vendredi. Fermeture le mercredi.
Nombre de marques proposées : toutes.